Après « Isthme », en quartette avec piano, Jef Sicard choisit le trio pour la plupart des plages. Avec des partenaires qui sont d'abord des complices, le saxophoniste dessine les contours d'une chimère, d'une précieuse utopie que l'on cultive avec amour, sans se soucier vraiment qu'elle se réalise, juste pour le bonheur du rêve. C'est peut-être cela que nous disent les vers de Rilke posés en exergue : « Chemins qui ne mènent nulle part entre deux prés, que l'on dirait avec art de leur but détournés ». Le disque chemine entre des compositions où se forge le rêve, et des improvisations totales, où il se réalise avant même de s'être forgé. Et pour deux plages le piano vient contester cet ordre si peu établi, comme pour nous dire l'urgence, et l'éphémère. Guillaume Rondelet ©