Batteur d'excellence, percussionniste rare, soliste d'exception (Solal, Sclavis, Caratini, et quelques autres du même tonneau ont fait appel à lui), François Merville est aussi compositeur ; et quel ! La fréquentation de la musique contemporaine, où il fut aussi un partenaire recherché, n'a pas tari la fraîcheur de son désir musical. Son sens des formes, et la rigueur de sa pensée, font constamment écho au vif désir d'étonnement, de liberté, d'évasion, qu'offre sans cesse le jazz, dans son langage comme dans l'horizon dévoilé par l'improvisation. Il en joue magnifiquement, car il a su s'entourer de musiciens qui lui ressemblent, par l'exigence, le goût du risque, et ce grain d'authentique folie qui se rencontre chez ceux-là mêmes que l'on tenait, à tort, pour d'indéfectibles ascètes. La musique est à ce prix : cultiver la forme, et la briser d'un même geste ; c'est le propre de la beauté. Guillaume Rondelet ©