Jazz Magazine Jazzman, mars 2013, n°647
Pascal Ségala
Beaucoup de grâce et d'élégance dans les dialogues intimistes de ce duo guitare-contrebasse, un format au-dessus duquel planent les ombres de nombreux précédents historiques, où le degré d'exposition est maximal et où le placement rythmique ne pardonne pas. Il en faudrait plus pour embarrasser les superbes musiciens que sont Michel Perez et Diego Imbert. Le premier, guitariste et enseignant aussi talentueux que médiatiquement discret, a côtoyé les plus grands (Herbie Hancock, Ron Carter, Benny Golson...) sur scène comme sur disque. Le second est un accompagnateur très recherché dans des contextes variés allant du manouche frénétique à l'esthétique plus moderne des Pierre de Bethmann et autres David El Malek… Ici pourtant, la facture du duo demeure globalement classique, les protagonistes s'exprimant dans un vocabulaire post-bop parfaitement maîtrisé. Si le répertoire n'est constitué que de leurs compositions originales, celles-ci sont souvent basées sur des progressions d'accords voisines de celles des standards, en tout cas sur les trois premiers titres. Swing, valses, ballades et morceaux latins sont donc au programme, avec de délectables petites "entorses au règlement" de ce genre assez balisé : certaines compositions de Perez incluent volontiers une métrique à cinq temps (L'Anjouvine, For Tricia) et les lignes de basses d'Imbert peuvent se détourner du traditionnel walking pour prendre part à un véritable dialogue mélodique (Appart, Valse). Michel Perez possède la classe d'un Jimmy Raney et décoche dans Sur le pouce, un charleston signé Imbert, quelques voicings sombres à souhait à la Jim Hall / Ed Bickert. Soulignons qu'une belle prise de son, sans aucun artifice, donne l'agréable sensation d'avoir les deux musiciens dans son salon. Un luxe à savourer sur une bonne chaîne hi-fi, et surtout en club, on ne le dira jamais assez. Pascal Ségala
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